Pourquoi je procrastine?

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par Khera Defamie
par Khera Defamie

Coach certifiée et créatrice du programme Feminine leader

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Procrastiner, c’est souvent un processus que l’on essaie de taire, cacher, dont on n’est pas fière et qui crée de la honte. Les deux types de procrastination. Comment les différencier ? Comment mettre au service de notre évolution l’énergie bloquée dans un système qui tourne en rond et qui nous tyrannise…c’est l’objet de cet article.

Cela fait des mois que Marie me réclame 4 articles pour avancer sur la création de mon blog

 J’avais tout promis pour le 12 février, c’est passé au 28 avril, puis au 15 juin… Aïe, 10 juillet ?… Ça vous va si je vous livre tout le 15 août… ? Bref, on est le 12 août et je n’ai toujours pas écrit un mot. Évidemment, je me suis trouvée 12 mille excuses pour justifier ces multiples dérapages de planning.

Je suis une coach expérimentée, diplômée d’une grande école d’ingénieur, j’ai déplacé des montagnes pour devenir qui je suis… Je sais écrire, j’ai des choses à dire, j’ai normalement du plaisir à le faire, alors comment expliquer que je n’arrive pas à m’y mettre?

Je reporte inlassablement au profit de toutes les sous-tâches qui se présentent dans ma journée, indépendamment de tout ordre de priorité. Hier, je me suis même surprise à trier la poubelle de ma boîte mail. Euhhh comment dire…. Je crois que j’ai un problème, c’est incontestable… Purée, je crois que je procrastine… !

J’ai entendu dire que la procrastination sert la création… Juste avant d’anéantir totalement ma crédibilité auprès de Marie, je me suis posée une question. Comment transformer mon problème en solution ? En écrivant une série d’articles sur la procrastination et peut-être trouver les clés pour m’en libérer. Coach un jour, coach toujours, c’est parti !

Depuis quand on procrastine ?

On pourrait imaginer qu’elle serait une maladie de ce siècle où notre productivité est gage de notre utilité, elle-même gage de notre raison d’être. Ne rien faire est un aller simple dans l’enfer des inutiles qui ne pourront jamais avoir une place à la table des grandes personnes. Il n’en est rien… La procrastination existe depuis toujours

« Dès 1400 avant J.-C., les anciens Égyptiens avaient du mal à gérer leur temps. “Ami, cesse de repousser ton travail et permets-nous de rentrer chez nous en temps voulu”, lisait-on dans certains hiéroglyphes, traduits par l’égyptologue Ronald Leprohon de l’université de Toronto. Six cents ans plus tard, en 800 avant J.-C., le poète grec Hésiode exprimait un sentiment similaire, nous avertissant de ne pas “remettre notre travail à demain et à après-demain, car un travailleur paresseux ne remplit pas sa grange ni celui qui remet son travail à plus tard”. En 44 avant J.-C., Cicéron jugeait “la lenteur et la procrastination” toujours “détestables. » »

Cela veut dire quoi au juste procrastiner? 

 Dans Wikipédia, Procrastination vient du latin pro « en avant » et crastinus « du lendemain ». C’est notre tendance à remettre systématiquement au lendemain, à ajourner les actions de notre vie. Le « retardataire chronique », appelé procrastinateur, n’arrive pas à se « mettre au travail », surtout lorsque cela ne lui procure pas de satisfaction immédiate. »

En lisant cette définition, je réalise que ce n’est pas complètement ce qui m’arrive. Je ne vois pas quelle satisfaction immédiate, j’ai à passer deux heures à trier ma poubelle mail, ou à lire la biographie de Line Renaud plutôt que d’écrire un article pour mon blog ?

Y aurait-il différents types de procrastination ?

J’en vois deux. Une procrastination que je nommerai « la procrastination de repassage » et une autre que je qualifierai de « procrastination d’évolution »… les deux n’ayant ni les mêmes causes, ni les mêmes symptômes, ni les mêmes impacts. Je vais tenter de clarifier ma pensée.

Qu’est-ce que j’appelle « la procrastination de repassage » ?

« La procrastination de repassage » qualifie toutes les tâches que l’on repousse parce qu’elles créent chez nous un profond déplaisir et donc zéro satisfaction immédiate.

Je viens d’une famille nombreuse, nous étions 7 à la maison. Quand j’étais petite et jusque l’adolescence, l’une des tâches qui m’étaient affectées était de repasser chaque semaine le linge de toute la famille. Inutile de préciser qu’à 15 ans, j’avais déjà le sentiment d’avoir repassé pour toute ma vie.

Et donc, aujourd’hui je procrastine. Je repousse le moment où j’irai récupérer la table à repasser. J’ai beau me dire qu’il faut que je repasse… rien n’y fait, j’ai 6 mois de linge en retard…

Je vais être très honnête… c’est vrai qu’il n’y a pas de bénéfice immédiat pour moi à repasser, je n’aime pas ça et je procrastine.

Cependant ce tas de linge ne m’a jamais réveillé la nuit, ne crée aucune anxiété chez moi, ni sentiment de culpabilité.

Je ne me suis jamais entendue me dire que j’étais nulle, que je n’y arriverai pas, que je n’étais pas à la hauteur parce que je n’avais pas encore pris mon fer à repasser…

 J’ai cependant appris à étendre mon linge avec attention, en lissant les pans de mes vêtements entre mes mains et j’ai accepté de faire le deuil de tous mes chemisiers en soie. La « procrastination de repassage » n’est pas douloureuse, à peine gênante. Elle n’occupe pas mes pensées, ne me prive pas d’énergie vitale pour mener à bien mes autres projets. Et la meilleure manière de la régler est soit de déléguer soit de poser la tâche dans son agenda et d’anticiper… Bref elle se gère avec un peu d’organisation.

Qu’en est-il de « la procrastination d’évolution » ?

La « procrastination d’évolution » prend en compte toutes les actions que je repousse et qui vont avoir un impact sur mon évolution. Exemple, l’ouverture de mon blog est censée développer ma visibilité et ma crédibilité de coach. L’envoi de mon programme Feminine leader à un client important qui me l’a demandé et qui m’ouvrirait les portes de son entreprise… l’appel client que je n’ai pas fait et qui peut changer ma vie… toutes ces actions que je repousse inlassablement, alors que j’ai bien identifié leurs importances vitales…

Je ne suis pas chercheuse, je ne peux parler que de mon expérience et de celles de mes clientes. Mais force est de constater que plus je repousse la tâche, plus la tâche prend de l’importance dans mon espace mental. Plus je la repousse, plus cela fragilise mon estime de moi, la confiance que j’ai en mes capacités à relever le défi… Plus le temps passe, et plus mon incapacité à produire mes articles devient une idée fixe. Je suis envahie par un dialogue intérieur qui tourne en boucle version «  tu es nulle, tu n’as encore rien fait »… je suis tyrannique… Plus je me parle mal, évidemment moins je suis créative.

La procrastination d’évolution serait-elle un mécanisme d’autosabotage… ?

Chaque jour qui passe me donne le sentiment de creuser la propre tombe de mon ambition… D’être l’unique responsable de ma déchéance… en procrastinant, j’autosabote toutes mes possibilités d’évolution…

Et ça fait mal en plus ! Quand je pense à ce que j’ai à faire, une boule se développe dans ma gorge, les muscles de mon cou se contractent et une grosse brique aplatie mon cœur.. Je crois que j’ai tout simplement peur…

Mais de quoi j’ai peur… ?

  • Peur de l’échec ?
  • Peur du succès ?
  • Peur d’être vue et vulnérable ?
  • Peur d’être jugée ?
  • Peur d’être rejetée ?
  • Peur de ne pas être à la hauteur ?
  • Peur d’être ridicule ?
  • Peur de ne pas prendre les bonnes décisions ?
  • Peur d’être illégitime, de ne pas être parfaite, de ne pas être la bonne personne ?

Il est vrai que la peur a des effets bénéfiques. Elle nous permet d’appréhender notre environnement avec un œil acéré. Elle facilite l’apprentissage, la concentration, et nous permet de procéder aux ajustements nécessaires pour solutionner des situations complexes.

Cependant quand la peur s’installe trop longtemps, la peur impacte nos capacités physiques, psychiques et émotionnelles. Elle détériore notre qualité de vie, notre qualité de sommeil et notre santé. 

Et de ce fait, beaucoup d’entre nous vont tenter de fuir ces situations qui entraînent de la peur, en allant chercher à l’extérieur de quoi l’oublier… boire plus, acheter plus, manger plus, naviguer sur internet, s’extasier sur des vidéos YouTube que j’aurais oubliées à peine la page du navigateur fermée … Trier la poubelle de sa boîte mail …

  • Toutes ces tâches que nous priorisons en dépit de leur absurdité ont-elles comme bénéfice immédiat de nous permettre d’oublier la peur ?  
  • La procrastination serait-elle un mécanisme au service de notre sécuritéqui coûte très cher en termes d’énergie psychique et physique… ?

 « Les femmes ont généralement peur de ne pas être à la hauteur, d’être illégitimes, de ne pas être parfaites. Une femme puissante est une femme qui a réglé ses comptes avec la peur… ». 

Christiane Taubira dans le podcast Femmes Puissantes de Léa Salamé.

Les femmes sont-elles plus touchées que les hommes par la procrastination d’évolution… ?

La procrastination est un sentiment universel, il semblerait cependant que certaines personnes y sont plus enclines que d’autres. Les recherches montrent qu’un manque d’estime de soi, un manque de confiance en soi, le doute vont favoriser la procrastination dans les domaines où on a le plus de possibilités d’évoluer.

Et la procrastination va s’accentuer en cas de dépression, d’anxiété, de troubles de l’attention. 20 % des femmes prennent des antidépresseurs, 80 % des femmes ont des problèmes d’estime de soi et de confiance en soi. Gérer « la procrastination d’évolution » est donc un sujet clé dans le développement et l’évolution des femmes Leader.

Comment faire de ma procrastination une étape de transformation ?

Évoluer c’est passer d’un point A à un point B dans notre vie.

Se transformer c’est quitter notre zone de confort, entrer dans une zone de hautes turbulences,  passer le mur de l’incertitude et accéder à des territoires inconnus.

En tant que femmes, pendant des millénaires, nous avons été absentes des trois systèmes de pouvoir qui structuraient notre société. Le pouvoir financier, religieux, politique… Comme nous n’avions pas de pouvoir, notre capacité à assurer notre sécurité était liée à notre utilité dans le groupe. Anticiper et prendre soin des besoins des autres (familles, mari, enfant…) , conserver le contrôle de notre environnement sont des réflexes puissamment inscrit dans notre système nerveux.

Toutes les transformations créent un déséquilibre, un risque, nous font perdre le contrôle…

Un changement d’orientation de carrière, une plus grande visibilité, une augmentation importante de son statut… toutes ces prises de risques nous mettent dans une grande situation de vulnérabilité, car nous n’avons pas de modèles de références pour nous guider.

En repoussant ces passages à l’action, la procrastination nous maintient bien confortablement dans une situation d’équilibre, dans un état de maîtrise… même si cette situation nous déplaît et qu’elle nous rend misérables.

J’ai alors deux possibilités, continuer de procrastiner et en subir les conséquences désastreuses en terme de stress, d’image de soi, de manque de sommeil, de rumination ou gérer ma peur pour passer à l’action.

Devinez laquelle j’ai choisi ? Et voici le résultat de mes recherches, 7 étapes simples pour conjurer sa peur et passer à l’action.  

Khera !

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